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La place de la femme dans l’ingénierie, l’informatique et les sciences

By 1 mars 2022mai 19th, 2022Uncategorized
La femme dans l'ingénierie l’informatique et les sciences illustration

La femme dans l’ingénierie, l’informatique et les sciences : entre stéréotypes et préjugés, quel avenir a-t-elle ? En 1965, les femmes obtiennent le droit de travailler, sans demander l’accord de leur mari. Pour autant les femmes n’avaient pas leur place dans l’ingénierie, l’informatique et les sciences. Aujourd’hui encore, elles se battent pour l’avoir.

La femme dans l'ingénierie, l’informatique et les sciences : LES STÉRÉOTYPES DE GENRES

De tout temps, le sexisme caractérise la société. Ce sexisme s’est accentué au fil du temps et ces stéréotypes ont créé des préjugés

Aujourd’hui certains préjugés freinent l’accès à l’éducation mais aussi l’innovation car, si l’ingénierie a pour but de parler à tout le monde et d’être utilisable par tout le monde ne faudrait-il pas alors que tous les acteurs soient là lors de sa création ?

Le 11 février dernier se déroulait la journée internationale des femmes et des filles de science. Cette journée fut créée afin d’assurer aux femmes et aux filles une participation et un accès pleins et égaux à la science et parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles.

Avec la montée en puissance des mouvements féministes, des combats pour la parité hommes-femmes dans la société, nous nous sommes questionnés sur la place des femmes dans les entreprises en France.

Les femmes ont, plus souvent que les hommes, tendance à ne pas se sentir légitimes sur certains postes à responsabilités. Le monde du design et de l’ingénierie ne déroge pas à la règle. En effet, ces domaines comme ceux des sciences et de l’informatique ont  longtemps été une affaire d’homme. D’ailleurs, les personnes les plus reconnues dans ces domaines ont souvent  été  des hommes; les femmes ayant été exclues pendant un certain temps.

Au XXIème siècle, des obstacles structurels et sociétaux empêchent encore les femmes et les jeunes filles d’accéder et de progresser dans ces domaines. La pandémie de Covid-19 a accentué les inégalités entre les genres, pour des raisons comme la fermeture des écoles, la hausse des violences ou la charge accrue des soins à domicile, indique António Guterres dans un message pour cette journée célébrée chaque année le 11 février.

« Ces inégalités privent notre monde d’énormes talents et potentiels d’innovation inexploités. Nous avons besoin de perspectives féminines pour que la science et la technologie profitent à tous et toutes », dit-il.

En effet, en France, les femmes ne représentent que 28% des étudiants en filière ingénieure, et ce pourcentage stagne depuis plusieurs années. Selon les Nations Unies, les femmes ne représentent que 28 % des diplômés en ingénierie et 40 % des diplômés en informatique et en sciences de l’information. Par ailleurs, dans les domaines de pointe, tels que l’intelligence artificielle, seul un professionnel sur cinq (soit 22 %) est une femme. 

Aussi le taux de femmes diplômées et exerçant dans le secteur du numérique peine à s’améliorer depuis plus d’une décennie en France, comme dans l’Union européenne, indique une enquête publiée par le cabinet Global Contact.

SEXISME ET SOCIÉTÉ : LES “CAUSES” DE L’EXCLUSION DES FEMMES DANS CES DOMAINES

Cependant, ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait suivant :”les femmes ont longtemps été considérées comme de simples ménagères, incapables de comprendre le monde du business et de gérer une entreprise ou une équipe”. Une autre explication pourrait être celle du “syndrome de l’imposteur”. En effet, les femmes étant assignées « traditionnellement » à l’espace domestique, elles étaient « prédisposées » aux ouvrages/passe-temps de dames. On leur accordait donc les pratiques artisanales (poterie, tissage) mais on les écartait des autres enseignements. C’est ainsi que pendant longtemps les femmes ne purent exercer le métier d’architecte.

Philippe Dépincé, directeur de l’école polytechnique de Nantes  pense que : «C’est à cause des stéréotypes, malheureusement. Entre 1966 et 2012, leur nombre a progressé de 5% à 28%. Mais depuis, ce pourcentage n’augmente plus. Au niveau de la profession d’ingénieur, on ne voit que 22% de femmes. L’image d’un métier peu féminisé est fortement ancrée dans les esprits. Le constat est identique dans bon nombre de filières comme l’informatique ou la mécanique.

En fait, les constructions de stéréotypes apparaissent dès l’enfance. À travers l’école, l’environnement familial, les loisirs. Les jeunes écoliers entendent des phrases comme «tel métier est pour les garçons, tel autre pour les filles». Ces affirmations influencent leurs choix.

Par exemple, des biais sociétaux du numérique et de l’informatique dès la plus jeune enfance correspondent à une vision informatique du « geek à boutons ». L‘informaticien type est donc quelqu’un qui n’est pas nécessairement très attrayant pour des jeunes filles. Il faut déconstruire ce mythe avant que cette vision de l‘informaticien puisse aussi avoir un impact sur les familles et sur l’orientation des enfants.

LUTTER CONTRE LES PRÉJUGÉS DANS LE SECTEUR DE L’INFORMATIQUE : LES DECODEUSES DU NUMERIQUE

Léa Castor, Célia Esnoult et Laure Thiébault ont crée la bande dessinées intitulée “Les décodeuses du numérique”. Cette dernière montre la passion, le dynamisme et l’humour qui leur font dépasser les embûches et leur donnent la volonté de faire bouger les lignes. Les chercheuses racontent aussi leurs parcours, comment elles en sont venues à l’informatique, les obstacles qu’elles ont rencontré. Le choix des portraits montre une variété aussi bien de disciplines (robotique, informatique quantique, cybersécurité, réalité virtuelle, etc.) que de parcours scientifiques.

Publiées en 2021, la BD s’adresse principalement aux jeunes, de manière ludique, afin de mieux appréhender le monde des sciences du numérique et de susciter des vocations.

Olivier Serre, Directeur adjoint scientifique en informatique fondamentale à Paris, expliquait :« On est un milieu de gens a priori intelligents, et vous aurez tendance à dire que ce genre de problème n’arrive jamais à côté de chez soi » « En fait, même en étant dans le milieu, il y a plein de choses dont je n’avais pas conscience. Et d’avoir travaillé sur ces témoignages avec les autres membres de l’institut, c’est vrai qu’en tant qu’homme, ça m’a interpellé sur les pratiques de mon milieu et probablement aussi peut être sur certains de mes comportements ».

Il pense que cet ouvrage a aussi un intérêt pour les jeunes garçons. « Certes le but c’est de faire venir les filles dans le secteur du numérique mais ça sera aussi en faisant en sorte qu’elles soient mieux traitées dans ce milieu là. Et cela passe aussi par un travail d’éducation sur les jeunes garçons ».

“Les métiers de l’ingénierie peuvent être exercés quel que soit le genre de la personne. Nous pensons qu’il faut casser ces clichés le plus tôt possible, dès l’école élémentaire.»

En 2017, 70 % des étudiantes en formation tech affirmaient avoir subi des actes sexistes et 46 % d’entre elles disent avoir déjà été victimes de comportements sexistes (propos discriminants, harcèlement sexuel) depuis le début de leur carrière.

Rania Charkaoui, 22 ans, étudiante en dernière année d’ingénierie biomédicale et co-fondatrice de WomInTech, une initiative qui encourage l’accès des jeunes filles aux filières scientifiques. « Lorsque j’ai dit à mon prof de math que je voulais faire Polytech, il m’a répondu : ‘franchement c’est difficile, même moi j’avais raté l’exam d’entrée donc je ne sais pas si tu vas y arriver…’ Avec le recul cette remarque me choque vraiment… »

L’expérience d’apprentissage est cependant compromise lorsque les professeurs renforcent les stéréotypes genrés.

"Le sexisme banalisé pendant les cours, ce n’est plus possible ! Je me souviens des commentaires d’un assistant qui durant les travaux pratiques (TP) me faisait des allusions sexuelles parce que je rigolais avec un ami ou que je faisais un trou dans un tube. Mais ça bouge, cette année il y a eu des plaintes au sein de la faculté."

Dans cet univers particulièrement masculin, les travaux en commun sont parfois confrontant. « J’ai un caractère assez prononcé, je n’ai jamais hésité à donner mon avis. Les hommes ont l’habitude de parler plus fort que nous et de répéter ce qu’on dit. Dans mes projets de groupe, c’est arrivé très souvent. Je crois qu’ils ne font pas exprès, mais je les ai sensibilisés à laisser de la place aux filles. »

LES FEMMES ACTRICES DU CHANGEMENT : SCIENCE ET INGÉNIERIE

Il faut souligner que la diversité est un puissant levier en termes d’innovation, de créativité et de croissance. Mais, selon Rania Charkaoui, il reste de nombreux efforts à fournir. 

Par ailleurs, selon le secrétaire général de l’ONU, il existe une corrélation directe entre le faible nombre de femmes travaillant dans le secteur de l’intelligence artificielle et les algorithmes absurdes qui véhiculent des stéréotypes de genre en traitant les hommes comme la norme et les femmes comme une exception.

« Nous avons besoin de plus de femmes qui développent une intelligence artificielle qui soit véritablement au service de tous et toutes et qui œuvre en faveur de l’égalité des genres », insiste-t-il.

Toutefois, si l’on a seulement 28% de femmes qui font cette carrière, on se prive d’une diversité dans les solutions qui peuvent être envisagées face à une problématique sociétale.

Emma Pinchbeck, directrice générale de l’association professionnelle Energy UK, affirme que le secteur de l’énergie est en pleine transition vers un système énergétique décarboné et qu’il est nécessaire d’adopter une « pensée innovante et créative. »

D’après elle, « faire participer davantage de femmes et de personnes d’origines diverses au travail du secteur de l’énergie ne consiste pas seulement à ressembler davantage à la société que nous servons, mais également à s’assurer que nous saisissons toutes les perspectives dont nous aurons besoin pour réussir la transition. »

Et cela a été prouvé, dans l’ouest de la Turquie, une ONG dispense des cours d’électricité solaire à des femmes réfugiées.  « Il faut donner aux femmes les moyens d’être autonomes financièrement »

Ses élèves : une dizaine de femmes syriennes de tous âges, totalement incultes en matière d’électricité mais déterminées à apprendre un métier. 

Rafif fait partie de ces premières « solar ladies ». Originaire d’Alep, elle a tenu quatre ans sous les bombes avant de prendre la fuite pour trouver refuge en Turquie avec ses trois filles majeures. Installée à Izmir depuis 7 ans, Rafif n’a accès à aucune aide, ses enfants ayant plus de 18 ans. Elle ne peut donc compter que sur elle-même. « Il n’y a pas d’entraide entre réfugiés. Nous sommes tous dans le même dénuement. C’est chacun pour soi  », confie-t-elle avec lassitude. 

En conséquence, présenté à la COP26 de Glasgow, le projet Solar Age qui a déjà formé 200 réfugiées a été primé dans la catégorie « Solution Genre et Climat »

« Nous devons inverser les tendances qui empêchent les jeunes femmes scientifiques d’avancer dans des carrières qui nous aideraient à surmonter les crises climatiques et environnementales. Nous devons veiller à ce qu’elles aient accès aux mêmes possibilités d’apprentissage et de travail sur un pied d’égalité »

« Les conséquences du changement climatique sont plus importantes pour les femmes et les filles », explique Emma Pinchbeck.

« Dans le monde, les femmes sont plus nombreuses à être responsables de l’approvisionnement en nourriture, en eau et en combustible pour leur foyer. Elles sont souvent les principales dispensatrices de soins et sont souvent relativement pauvres. Elles sont donc plus exposées à un environnement qui évolue rapidement. »

Enatha Cyuzuzo est l’une des rares femmes ingénieures de chantier dans le secteur florissant de la construction au Rwanda. Comme notre déesse Freyja, elle est active, intelligente, indépendante et elle n’hésitera pas à se battre et à faire sa place en tant qu’égale de la gente masculine.

D’ailleurs, à seulement 26 ans, vous la trouverez sur les chantiers en train de superviser les hommes et les femmes qu’elle emploie, certains étant bien plus âgés qu’elle.

Comme l’affirme l’une de ses employées, Martine Nyirahirwa, 39 ans, Mme Cyuzuzo est humble et respectueuse envers ses employés, ce qui « rend le travail avec elle plus facile ».

Mme Nyirahirwa affirme que le travail de sa patronne a même inspiré l’un de ses enfants, qui « veut maintenant devenir ingénieur comme elle ».

Fidela Tuyishime, une autre employée, se dit « fière de travailler sur un chantier supervisé par une femme comme moi ».

« Certains pensent qu’il est impossible de traiter avec une fille uniquement dans le cadre d’un travail… Vous devez agir comme un homme pour pouvoir travailler avec des hommes et leur montrer que vous êtes une fille intelligente », dit-elle.

Elle souhaite inciter davantage de filles à s’engager dans l‘ingénierie et à changer le déséquilibre entre les sexes sur les chantiers de construction.

DIVERSITÉ ET AVENIR : LA PLACE DES FEMMES

Que ce soit en design, en informatique, en sciences ou en ingénierie, l’avenir des femmes s’annonce florissant et très prometteur ; même s’il sera toujours semé d’embûches. Cette notion de résilience qu’ont les femmes, ce courage et cette abnégation font que ce sont des forces à même de créer un environnement plus respectueux, plus durable et plus humain. Nous avons dépassé la revendication, et arrivons dans une logique d’apaisement, et de reconnaissance des forces des femmes, sans comparaison. Un équilibre, une complémentarité, nécessaire à la société.

“La diversité des personnes qui vont intervenir dans le domaine de l’ingénierie doit représenter la diversité de la population pour envisager un éventail de solution le plus large possible. Les métiers d’ingénieurs ont besoin des femmes.”

Le Secrétaire général de l’ONU appelle à agir en adoptant des politiques qui remplissent les salles de classe de filles étudiant la technologie, la physique, l’ingénierie, les mathématiques et en prenant des mesures ciblées pour garantir aux femmes la possibilité de se développer et de diriger dans les laboratoires, les institutions de recherche et les universités.

Il appelle aussi à agir « avec la détermination de mettre fin à la discrimination et aux stéréotypes visant les femmes dans les sciences. Et avec des efforts plus rigoureux pour ouvrir davantage de perspectives pour les femmes membres des minorités ».

Cordi O’Hara conseille aux jeunes femmes qui envisagent une carrière en sciences ou en ingénierie de ne pas présumer que « l’ingénierie est un secteur inadapté pour elles en se basant sur des stéréotypes. Les fausses idées peuvent rapidement décourager les gens d’opter pour un poste dans les sciences ou l’ingénierie avant d’avoir fait les recherches nécessaires. Parlez à des professionnels du secteur et obtenez un aperçu de première main de ce secteur, des possibilités offertes, et posez des questions pour savoir s’il est fait pour vous. »

De nombreuses associations comme Women in Engineering Society contribuent à mettre en lumière les femmes sources d’inspiration et donnent un aperçu des différentes options de carrière

En France, le label “Cap ingénieuses” des actions sur le terrain, et une même volonté : redonner leur place aux femmes dans les sciences. « Cap Ingénieuses » valorise les initiatives d’étudiant·e·s en écoles d’ingénieurs menées auprès d’écoles primaires et de collèges-lycées. Le but ? Casser les stéréotypes de genre et permettre aux jeunes filles de s’ouvrir aux métiers scientifiques.

« Toutes les femmes sont légitimes pour faire de la science. Elles ne se rendent même pas compte de leur propre timidité, Il faut donc y aller, il faut donc oser »

Leonor Roversi a créer la collection She. Ro. Une Shero c’est une femme qui est sa propre héroïne. La collection She.ro représente toutes les femmes marquantes et inspirantes de l’histoire, telles que Simone, Yoko, George, Coco, … et bien d’autres encore.

À travers une démarche féministe, celle-ci permet de donner confiance aux femmes et de prôner l’empowerement. Ce terme anglais désigne la capacité d’une personne d’agir sur sa vie et sa condition, comme l’ont fait nos she.ro.

Leonor Roversi prône la liberté sous toutes ses formes. Gabriela Ortiz, sa créatrice, a un dicton bien à elle ; “on devrait tous avoir la liberté de faire et de devenir ce que l’on a envie” et nous, c’est tout ce que l’on vous souhaite.